Dans un monde où les ressources humaines sont plus que jamais au coeur de la stratégie d’une organisation et que la pénurie de main-d’oeuvre se fait ressentir dans presque tous les secteurs de l’économie, je me suis fait un plaisir de me rendre au Rendez-vous RH organisé par Québec International, Emploi Québec et ses partenaires sous le thème «Santé vous bien» le 16 novembre dernier. En rafale, voici les grandes lignes des ateliers auxquels j’ai assisté:
Conférence de Sonia Lupien « En tant que gestionnaire, peut-on gérer le stress de nos employés? »
D’une énergie débordante, Mme Lupien est chercheuse au Centre d’étude sur le stress humain et offre une conférence enrichissante sur le stress que vous avez à gérer comme individu et comme gestionnaire.
Le stress absolu vs le stress relatif
Votre vie ou celle d’une personne est-elle en danger? Oui: c’est un stress absolu. Non: c’est un stress relatif. Malgré l’évolution, notre cerveau en encore de la difficulté à faire la différence entre les deux et peut envoyer les mêmes réponses physiques pour tenter de faire face à ce stress. Il faut apprendre à reconnaître la différence entre un feu qui fait rage dans votre maison ou une présentation à faire devant un public le lendemain.
Les 4 déterminants du stress sur lesquels vous pouvez travailler
- Contrôle faible
- Imprévisibilité
- Nouveauté
- Égo menacé
Les 5 travaux où un gestionnaire peut avoir un impact
- Gérer la source du stress (et non le stress lui-même): diminuer les 4 déterminants du stress dans le travail de vos employés en créant l’organigramme du stress, en sondant les gens et en prenant action;
- Accorder une importance spéciale aux mentors comme gestionnaires potentiels du stress au travail: on est moins stressé de parler à un mentor qu’à un boss;
- Comprendre que pour évaluer le stress en milieu de travail, il faut prendre en compte la charge totale de stress de l’individu (i.e travail-famille): les facteurs externes ne doivent pas être oubliés.
- Connaître personnellement les membres du groupe pour prédire et contrôler les réponses au stress: on a besoin d’un juste mélange de personnes anxieuses et de chercheurs de sensations fortes pour avoir une entreprise équilibrée. Les hostiles n’ont pas leur place.
- Savoir reconnaître et gérer son propre stress, car il y a une implication sur tous les autres
Elle nous suggère d’ailleurs de prendre soins de soi sans se sentir coupable, et insiste sur le fait que retrouver ses amis, respirer (oui, oui, en laissant aller votre ventre) et bouger constituent d’excellents moyens pour diminuer votre stress. Pour les parents qui n’aiment pas laisser leurs enfants seuls, elle nous rappelle qu’ils aiment que vous quittiez pour mieux revenir par la suite.
La morale de cette histoire: chaque personne peut gérer son stress d’une façon différente et vous ne pouvez pas gérer le stress des autres. Vous pouvez simplement contribuer à le diminuer en atténuant les déterminants et en contrôlant votre propre stress.
Pour l’intégrale de sa conférence: http://www.quebecinternational.ca/media/3330889/sonia-lupien.pdf
Conférence de Philippe Zinser « Chef, écoutez-moi » sur l’entreprise libérée
D’entrée de jeu, je dois vous avouer que je partais avec un préjugé favorable envers le sujet, bien que je n’avais pas compris toutes les subtilités du principe de l’entreprise libérée.
En rafale:
- La confiance est la pierre d’assise du principe d’entreprise libérée.
- Le discours est davantage tourné vers le «pourquoi » que vers le «quoi» ou le «comment».
- Après tout, un employé sait davantage qu’un patron ce que ça prend pour bien faire sa tâche.
- On ne supervise plus les employés, on leur fait confiance.
- On ne gère plus, on les aime.
- On ne se plaint plus, on trouve des solutions.
- On ne travaille plus, on axe sur le plaisir.
- On fait quasiment sauter entièrement la hiérarchie.
- Les décisions sont prises en quasi-totalité par les équipes, et non par les supérieurs.
- Les gestionnaires voient leurs rôles complètement changés. Ils deviennent davantage des coachs / leaders que des preneurs de décisions.
- Les employés ont le pouvoir de changer le leader quand ils veulent.
- Le message véhiculé: «vous ne travaillez plus pour les boss, mais bien pour le client. Vous devez tout faire pour que le client soit heureux».
- Plusieurs processus doivent être réinventés.
- Trois difficultés vécues: grandes modifications des postes, prise de décision par plusieurs personnes et l’acceptation des erreurs
Quelques vidéos sur le sujet (Produits Métalliques Bussières)
Les bénéfices de l’entreprise libérée
- Engagement des employés à la hausse
- Taux de rétention fort
- Niveau de service supérieur
- Clientèle fidélisée
- Épanouissement et plus grande créativité
- Soulagement des gestionnaires (rôles changent)
- Baisse du taux d’absentéisme et des arrêts de maladie
- Hausse du bonheur des employés
- Budget de communication quasiment nul
Mon appréciation
Personnellement, je crois qu’il s’agit d’une méthode de gestion des ressources humaines poussée à l’extrême. Une seule conférence ne me convaincra pas de confier à mes employés la gestion des budgets de l’entreprise ou la façon dont les ventes doivent être effectuées. J’ai une grande confiance en mes collaborateurs et je fais affaire avec eux parce qu’ils sont meilleurs que moi dans leur domaine respectif. Mais de là à TOUT partager, non. Comme le mentionnait M. Zinser, l‘entreprise libérée n’est pas pour tout le monde. Pour ma part, je préfère être un bon leader qui prend bien soin de son équipe tout en ayant un certain pouvoir qu’une personne qui a mis toutes ses énergies à bâtir une entreprise et qui en perd le contrôle.